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Jacques Brel

Brel
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Jaurès
La ville s'endormait
Vieillir
Le bon dieu
Les f...
Orly
Les remparts de varsovie
Voir un ami pleurer
Knokke-le-zoute tango
Jojo
Le lion
Les marquises
Sans exigences
Avec élégance
Mai 40
L'amour est mort
La cathédrale
Jaurès
Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincu
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux cieux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couverts de prèles oui notre Monsieur
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps de souffle d'un soupir

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? 
				
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La ville s'endormait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et la nuit peu à peu
Et le temps arrêté
Et mon cheval boueux
Et mon corps fatigué
Et la nuit bleu à bleu
Et l'eau d'une fontaine
Et quelques cris de haine
Versés par quelques vieux
Sur de plus vieilles qu'eux
Dont le corps s'ensommeille

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et mon cheval qui boit
Et moi qui le regarde
Et ma soif qui prend garde
Qu'elle ne se voit pas
Et la fontaine chante
Et la fatigue plante
Son couteau dans mes reins
Et je fais celui-là
Qui est son souverain
On m'attend quelque part
Comme on attend le roi
Mais on ne m'attend point
Je sais depuis déjà
Que l'on meurt de hasard
En allongeant les pas

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Il est vrai que parfois près du soir
Les oiseaux ressemblent à des vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots
Il est vrai que souvent
La mer se désenchante
Je veux dire en cela
Qu'elle chante
D'autres chants
Que ceux que la mer chante
Dans les livres d'enfants
Mais les femmes toujours
Ne ressemblent qu'aux femmes
Et d'entre elles les connes
Ne ressemblent qu'aux connes
Et je ne suis pas bien sûr
Comme chante un certain
Qu'elles soient l'avenir de l'homme

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et vous êtes passée
Demoiselle inconnue
À deux doigts d'être nue
Sous le lin qui dansait 
				
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Vieillir
Mourir en rougissant

Suivant la guerre qu'il fait

Du fait des Allemands

A cause des Anglais

Mourir baiseur intègre

Entre les seins d'une grosse

Contre les os d'une maigre

Dans un cul de basse-fosse

Mourir de frissonner

Mourir de se dissoudre

De se racrapoter

Mourir de se découdre

Ou terminer sa course

La nuit de ses cent ans

Vieillard tonitruant

Soulevé pas quelques femmes

Cloué à la Grande Ourse

Cracher sa dernière dent

En chantant "Amsterdam"

Mourir, cela n'est rien

Mourir, la belle affaire !

Mais vieillir… Oh ! vieillir

Mourir, mourir de rire

C'est possiblement vrai

D'ailleurs la preuve en est

Qu'ils n'osent plus trop rire

Mourir de faire le pitre

Pour dérider l' désert

Mourir face au cancer

Par arrêt de l'arbitre

Mourir sous le manteau

Tellement anonyme

Tellement incognito

Que meurt un synonyme

Ou terminer sa course

La nuit de ses cent ans

Vieillard tonitruant

Soulevé par quelques femmes

Cloué à la Grande Ourse

Cracher sa dernière dent

En chantant "Amsterdam"

Mourir, cela n'est rien

Mourir, la belle affaire !

Mais vieillir… Oh ! vieillir

Mourir couvert d'honneur

Et ruisselant d'argent

Asphyxié sous les fleurs

Mourir en monument

Mourir au bout d'une blonde

Là où rien ne se passe

Où le temps nous dépasse

Où le lit tombe en tombe

Mourir insignifiant

Au fond d'une tisane

Entre un médicament

Et un fruit qui se fane

Ou terminer sa course

La nuit de ses mille ans

Vieillard tonitruant

Soulevé par quelques femmes

Cloué à la Grande Ourse

Cracher sa dernière dent

En chantant "Amsterdam"

Mourir, cela n'est rien

Mourir, la belle affaire !

Mais vieillir Oh ! vieillir
				
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Le bon dieu
oi, moi, si t'étais l' Bon Dieu
Tu f'rais valser les vieux
Aux étoiles
Toi, toi, si t'étais l'Bon Dieu
Tu rallumerais des vagues
Pour les gueux

Moi, moi, si t'étais l'Bon Dieu
Tu n'serais pas économe
De ciel bleu
Mais tu n'es pas le Bon Dieu
Toi, tu es beaucoup mieux
Tu es un homme

Tu es un homme
Tu es un homme 
				
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Les f...
Messieurs les Flamingants
J'ai deux mots à vous rire
Il y a trop longtemps
Que vous me faites frire
À vous souffler dans le cul
Pour devenir autobus
Vous voilà acrobates
Mais vraiment rien de plus

Nazis durant les guerres
Et catholiques entre elles
Vous oscillez sans cesse
Du fusil au missel
Vos regards sont lointains
Votre humour est exsangue
Bien qu'y aient des rues à Gand
Qui pissent dans les deux langues
Tu vois quand j'pense à vous
J'aime que rien ne se perde
Messieurs les Flamingants
Je vous emmerde

Vous salissez la Flandre
Mais la Flandre vous juge.
Voyez la mer du nord
Elle s'est enfuie de Bruges.
Cessez de me gonfler
Mes vieilles roubignoles
Avec votre art flamand-italo-espagnol.
Vous êtes tellement tellement
Beaucoup trop lourds
Que quand les soirs d'orage
Des chinois cultivés
Me demandent d'où je suis,
Je réponds fatigué
Et les larmes aux dents :
"Ik ben van Luxembourg".
Et si aux jeunes femmes,
On ose un chant flamand,
Elle s'envolent en rêvant
Aux oiseaux roses et blancs

Et je vous interdis
D'espérer que jamais à Londres
Sous la pluie on puisse
Vous croire anglais
Et je vous interdis
À New-York ou Milan
D'éructer Messeigneurs
Autrement qu'en flamand
Vous n'aurez pas l'air cons
Vraiment pas cons du tout
Et moi je m'interdis
De dire que je m'en fous
Et je vous interdis
D'obliger nos enfants
Qui ne vous ont rien fait
À aboyer flamand
Et si mes frères se taisent
Et bien tant pis pour elles.
Je chante persiste et signe :
Je m'appelle Jacques Brel 
				
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Orly
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
La pluie les a soudés
Semble-t-il l'un à l'autre
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Il doit lui dire: je t'aime
Elle doit lui dire: je t'aime
Je crois qu'ils sont en train
De ne rien se promettre
C'est deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et brusquement ils pleurent
Ils pleurent à gros bouillons
Tout entourésqu'ils sont
D'adipeux en sueur
Et de bouffeurs d'espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L'exploir de les juger

Mais la vie ne fait pas de cadeau!
Et nom de dieu!
C'est triste Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux
Tout à l'heure c'était lui
Lorsque je disais il
Tout encastrés qu'ils sont
Ils n'entendent plus rien
Que les sanglots de l'autre
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement ces deux corps
Se séparent et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Ils consomment l'adieu
Ils bavent quelques mots
Agitent une vague main
Et brusquement ils fuient
Fuient sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier

La vie ne fait pas de cadeau!
Et nom de dieu!
C'est triste Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
Et elle elle reste là
Coeur en croix bouche ouverte
Sans un cri sans un mot
Elle connaît sa mort
Elle vient de la croiser
Voilà qu'elle se retourne
Et se retourne encore
Ses bras vont jusqu'a terre
Ça y est elle a mille ans
La porte est refermée
La voilà sans lumière
Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu'elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là elle perd l'amour
L'amour le lui a dit
Revoilà l'inutile
Elle vivra ses projets
Qui ne feront qu'attendre
La revoilà fragile
Avant que d'être à vendre
Je suis là je le suis
Je n'ose rien pour elle
Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit 
				
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Les remparts de varsovie
				
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Voir un ami pleurer
Bien sûr il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr tout ce manque de tendres
Il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur me monte au nez
Bien sûr on marche sur les fleurs
Mais voir un ami pleurer!

Bien sûr il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr nos coeurs perdent leurs ailes
Mais mais voir un ami pleurer!

Bien sûr ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr le temps qui va trop vite
Ces métro remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais voir un ami pleurer!

Bien sûr nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juifs
Ni l'élégance d'être nègres
On se croit mèche on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonnés
Que par amour ils nous lacèrent
Mais voir un ami pleurer! 
				
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Knokke-le-zoute tango
Les soirs oщ je suis Argentin, je m'offre quelques Argentines
Quitte а cueillir dans les vitrines des jolis quartiers d'Amsterdam
Des lianes qui auraient ce teint de femme
Qu'exportent vos citйs latines, ces soirs-lа je les veux fйlines
Avec un rien de brillantine collйe au "ceveu" de la langue
Elles seraient fraоches comme des mangues
Et compenseraient leur maladresse а coups de poitrine et de fesses

Mais ce soir, y'a pas d'Argentines, y'a pas d'espoir, y'a pas d'doute
Non ce soir, il pleut sur Knokke-le-Zoute
Ce soir comme tous les soirs, je me rentre chez moi
Le cњur en dйroute et la bite sous l'bras

Les soirs oщ je suis Espagnol, petites fesses, grande bagnole
Elles passent toutes а la casserole
Quitte а pourchasser dans Hambourg
Des Carmencitas de faubourg qui nous reviennent de vйrole
Je me les veux fraоches et joyeuses, bonnes travailleuses sans parlotes
Mi-Andalouses, mi-anguleuses de ces femelles qu'on gestapote
Parce qu'elles ne savent pas encore que Franco est tout а fait mort

Mais ce soir, y'a pas d'Espagnoles, ya pas de casseroles
Y'a pas d'doute, non ce soir, il pleut sur Knokke-le-Zoute
Ce soir comme tous les soirs, je me rentre chez moi
Le cњur en dйroute et la bite sous l'bras

Les soirs oщ je suis Caracas, je Panama, je Partagas
Je suis l'plus beau, je pars en chasse, je glisse de palace en palace
Pour y dйnicher le gros lot qui n'attend que mon coup de grвce
Je la veux folle comme un travelo, dйcouverte de vieux rideaux
Mais cependant t-йvanescente, elle m'attendrait depuis toujours
Cerclйe de serpents et de plantes, parmi les livres de Dutourd

Mais ce soir, y'a pas de Caracas, y'a pas de t-йvanescentes
Y'a pas d'doute, mais ce soir, il pleut sur Knokke-le-Zoute
Ce soir comme tous les soirs, je me rentre chez moi
Le cњur en dйroute et la bite sous l'bras

Demain oui, peut-кtre que, peut-кtre que demain
Je serai Argentin... Oui
Je m'offrirai des Argentines, quitte а cueillir dans les vitrines
Des jolis quartiers d'Amsterdam
Des lianes qui auraient ce teint de femme
Qu'exportent vos citйs latines, demain je les voudrai fйlines
Avec ce rien de brillantine collйe aux cheveux de la langue
Elles seront fraоches comme des mangues
Et compenseront leur maladresse а coups de poitrine et de fesses

Demain je serai Espagnol, petites fesses, grande bagnole
Elles passeront toutes а la casserole
Quitte а pourchasser dans Hambourg
Des Carmencitas de faubourg qui nous reviendront de vйrole
Je les voudrai fraоches et joyeuses, bonnes travailleuses, sans parlotte
Mi-Andalouses, mi-anguleuses de ces femelles qu'on gestapote
Parce qu'elles ne savent pas encore que Franco est tout а fait mort

Les soirs depuis Caracas, je Panama, je Partagas
Je suis l'plus beau, je pars en chasse
Je glisse de palace en palace pour y dйnicher le gros lot
Qui n'attend que mon coup de grвce
Je la veux folle comme un travelo, dйcouverte de vieux rideaux
Mais cependant t-йvanescente, elle m'attendrait depuis toujours
Cerclйe de serpents et de plantes, parmi les livres de Dutourd.
				
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Jojo
Jojo,
Voici donc quelques rires
Quelques vins quelques blondes
J'ai plaisir à te dire
Que la nuit sera longue
A devenir demain
Jojo,
Moi je t'entends rugir
Quelques chansons marines
Où des Bretons devinent
Que Saint-Cast doit dormir
Tout au fond du brouillard

Six pieds sous terre Jojo tu chantes encore
Six pieds sous terre tu n'es pas mort

Jojo,
Ce soir comme chaque soir
Nous refaisons nos guerres
Tu reprends Saint-Nazaire
Je refais l'Olympia
Au fond du cimetière Jojo,
Nous parlons en silence
D'une jeunesse vieille
Nous savons tous les deux
Que le monde sommeille
Par manque d'imprudence

Six pieds sous terre Jojo tu espères encore
Six pieds sous terre tu n'es pas mort

Jojo,
Tu me donnes en riant
Des nouvelles d'en bas
Je te dis mort aux cons
Bien plus cons que toi
Mais qui sont mieux portants
Jojo,
Tu sais le nom des fleurs
Tu vois que mes mains tremblent
Et je te sais qui pleure
Pour noyer de pudeur
Mes pauvres lieux communs

Six pieds sous terre Jojo tu frères encore
Six pieds sous terre tu n'es pas mort

Jojo.
Je te quitte au matin
Pour de vagues besognes
Parmi quelques ivrognes
Des amputés du coeur
Qui ont trop ouvert les mains
Jojo,
Je ne rentre plus nulle part
Je m'habille de nos rêves
Orphelin jusqu'aux lèvres
Mais heureux de savoir
Que je te viens déjà

Six pieds sous terre Jojo tu n'es pas mort
Six pieds sous terre Jojo je t'aime encore 
				
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Le lion
Ça fait cinq jours
Ça fait cinq nuits
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle appelle la lionne
Ça fait cinq jours
Ça fait cinq nuits
Qu'en-deçà du fleuve qui bouillonne
Répond le lion à la lionne

Vas-y pas Gaston
Même si elle te raconte
Que sa mère est gentille
Vas-y va Gaston
Même si elle ose te dire
Qu'elle t'aime pour la vie
Même si elle te supplie
De l'amener à la ville
Elle sera ta Manon
Tu sera son Dequerieux
Vous serez deux imbéciles

Ça fait dix jours
Ça fait dix nuits
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle appelle la lionne
Ça fait dix jours
Ça fait dix nuits
Qu'en-deça du fleuve qui bouillonne
Répond le lion à la lionne

Vas-y va Gaston
Arrête de remuer la queue
Il faut qu'elle s'impatiente
Fais celui qu'a le temps
Celui qui est débordé
Mets-la en liste d'attente
Vas-y va Gaston
Un lion doit être vache
Dis-lui que t'es en plein rush
Souviens-toi de Polo
Qui nous disait toujours
"Too much is too much"

Ça fait vingt jours
Ça fait vingt nuits
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle appelle la lionne
Ça fait vingt jours
Ça fait vingt nuits
Qu'en-deça du fleuve qui bouillonne
Répond le lion à la lionne

Vas-y va Gaston
Même si elle te signale
Qu'il y en a un autre en vue
Un qui est jeune qui est beau
Qui danse comme un dieu
Qui a de la tenue
Un qui a de la crinière
Qui est très intelligent
Et qui va faire fortune
Un qui est généreux
Un qui que quand elle veut
Lui offrira la lune

Ça fait une heure et vingt minutes
Qu'au-delà du fleuve qui bouillonne
Appelle appelle la lionne
Ça fait une heure et vingt minutes
Que dans le fleuve qui bouillonne
Un lion est mort pour une lionne 
				
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Les marquises
Ils parlent de la mort
Comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer
Comme tu regardes un puit
Les femmes sont lascives
Au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver
Cela n'est pas l'été
La pluie est traversière
Elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs
Qui fredonnent Gauguin
Et par manque de brise
Le temps s'immobilise
Aux Marquises

Du soir montent des feux
Et des pointes de silence
Qui vont s'élargissant
Et la lune s'avance
Et la mer se déchire
Infiniment brisée
Par des rochers qui prirent
Des prénoms affolés
Et puis plus loin des chiens
Des chants de repentance
Des quelques pas de deux
Et quelques pas de danse
Et la nuit est soumise
Et l'alizé se brise
Aux Marquises

Le rire est dans le coeur
Le mot dans le regard
Le coeur est voyageur
L'avenir est au hasard
Et passent des cocotiers
Qui écrivent des chants d'amour
Que les soeurs d'alentour
Ignorent d'ignorer
Les pirogues s'en vont
Les pirogues s'en viennent
Et mes souvenirs deviennent
Ce que les vieux en font
Veux tu que je dise
Gémir n'est pas de mise
Aux Marquises 
				
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Sans exigences
Je n’étais plus que son amant
Je vivais bien de temps en temps
Mais peu à peu de moins en moins
Je blasphémais ma dernière chance
Au fil de son indifférence
J’en voulais faire mon seul témoin
Mais j’ai dû manquer d’impudence
Car me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins

Je protégeais ses moindres pas
Je passais mais ne pesais pas
Je me trouvais bien de la chance
A vivre à deux ma solitude
Puis je devins son habitude
Je devins celui qui revient
Lorsqu’elle revenait de partance
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins

L’eau chaude n’a jamais mordu
Mais on ne peut que s’y baigner
Et elle ne peut de plus en plus
Que refroidir et reprocher
Qu’on ne soit pas assez soleil
L’eau chaude à l’eau chaude est pareille
Elle confond faiblesse et patience
Et me voyant sans exigences
Elle me voulait sans merveilles

De mal à seul, j’eus mal à deux
J’en suis venu à prier Dieu
Mais on sait bien qu’Il est trop vieux
Et qu’Il n’est plus maître de rien
Il eût fallu que j’arrogance
Alors que tremblant d’indulgence
Mon cœur n’osa lever la main
Et me voyant sans exigences
Elle me croyait sans besoins

Elle est partie comme s’en vont
Ces oiseaux-là dont on découvre
Après avoir aimé leurs bonds
Que le jour où leurs ailes s’ouvrent
Ils s’ennuyaient entre nos mains
Elle est partie comme en vacances
Depuis le ciel est un peu lourd
Et je me meurs d’indifférence
Et elle croit se couvrir d’amour
				
top

Avec élégance
Se sentir quelque peu romain
Mais au temps de la décadence
Gratter sa mémoire í  deux mains
Ne plus parler qu'í  son silence
Et
Ne plus vouloir se faire aimer
Pour cause de trop peu d'importance
Etre désespéré
Mais avec élégance


Sentir la pente plus glissante
Qu'au temps où le corps étais mince
Lire dans les yeus de ravissantes
Que cinquante ans c'est la province
Et
Brûler sa jeunesse mourante
Mais faire celui qui s'en dispense
Etre désespéré
Mais avec élégance


Sortir pour traverser des bars
Où l'on est chaque fois le plus vieux
Y éclabousser de pourboires
Quelques barmans silencieux
Et
Grignoter des banalités
Avec des vieilles en puissance
Etre désespéré
Mais avec élégance


Savoir qu'on a toujours eu peur
Savoir son poids de lâcheté
Pouvoir se passer de bonheur
Savoir ne plus se pardonner
Et
N'avoir plus grand chose á rêver
Mais écouter son coeur qui danse
Etre désespéré
Mais avec espérance.
				
top

Mai 40
On jouait un air comme celui-ci
Lorsque la guerre s'est réveillée
On jouait un air comme celui-ci
Lorsque la guerre est arrivée

Moi de mes onze ans d'altitude
Je découvrais, éberlué
Des soldatesques fatiguées
Qui ramenait ma belgitude
Les hommes devenaient des hommes
Les gares avalaient des soldats
Qui faisaient ceux qui ne s'en vont pas
Et les femmes
Les femmes s'accrochaient à leurs hommes

Et voilà que le printemps flambe
Les canons passaient en chantant
Et puis les voilà revenant
Déjà la gueule entre les jambes
Comme repassaient en pleurant
Nos grands frères devenus vieillards
Nos pères devenus brouillard
Et les femmes
Les femmes s'accrochaient aux enfants

Je découvris le réfugié
C'est un paysan qui se nomade
C'est un banlieusard qui s'évade
D'une ville ouverte qui est fermée
Je découvris le refusé
C'est un armé que l'on désarme
Et qui doit faire chemin à pied
Et les femmes
Les femmes s'accrochaient à leurs armes

D'un ciel plus bleu qu'à l'habitude
Ce mai 40 a salué
Quelques Allemands disciplinés
Qui écrasaient ma belgitude
L'honneur avait perdu patience
Et chaque bourg connut la crainte
Et chaque ville fut éteinte
Et les femmes
Les femmes s'accrochèrent au silence
				
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L'amour est mort
Ils n'ont plus rien à se maudire
Ils se perforent en silence
La haine est devenue leur science
Les cris sont devenus leurs rires
L'amour est mort, l'amour est vide
Il a rejoint les goélands
La grande maison est livide
Les portes claquent à tout moment

Ils ont oublié qu'il y a peu
Strasbourg traversé en riant
Leur avait semblé bien moins grand
Qu'une grande place de banlieue
Ils ont oublié les sourires
Qu'ils déposaient tout autour d'eux
Quand je te parlais d'amoureux
C'est ceux-là que j'aimais décrire

Vers midi s'ouvrent les soirées
Qu'ébrèchent quelques sonneries
C'est toujours la même bergerie
Mais les brebis sont enragées
Il rêve à d'anciennes maîtresses
Elle s'invente son prochain amant
Ils ne voient plus dans leurs enfants
Que les défauts que l'autre y laisse

Ils ont oublié le beau temps
Où le petit jour souriait
Quand il lui récitait Hamlet
Nu comme un ver et en allemand
Ils ont oublié qu'ils vivaient
A deux, ils brûlaient mille vies
Quand je disais belle folie
C'est de ces deux que je parlais

Le piano n'est plus qu'un meuble
La cuisine pleure quelques sandwichs
Et eux ressemblent à deux derviches
Qui toupient dans le même immeuble
Elle a oublié qu'elle chantait
Il a oublié qu'elle chantait
Ils assassinent leurs nuitées
En lisant des livres fermés

Ils ont oublié qu'autrefois
Ils naviguaient de fête en fête
Quitte à s'inventer à tue-tête
Des fêtes qui n'existaient pas
Ils ont oublié les vertus
De la famine et de la bise
Quand ils dormaient dans deux valises
Et, mais nous, ma belle
Comment vas-tu?
Comment vas-tu?
				
top

La cathédrale
Prenez une cathédrale
Et offrez-lui quelques mâts
Un beaupré, de vastes cales
Des haubans et halebas
Prenez une cathédrale
Haute en ciel et large au ventre
Une cathédrale à tendre
De clinfoc et de grand-voiles
Prenez une cathédrale
De Picardie ou de Flandre
Une cathédrale à vendre
Par des prêtres sans étoile
Cette cathédrale en pierre
Qui sera débondieurisée
Traînez-la à travers prés
Jusqu'où vient fleurir la mer
Hissez la toile en riant
Et filez sur l'Angleterre

L'Angleterre est douce à voir
Du haut d'une cathédrale
Même si le thé fait pleuvoir
Quelqu'ennui sur les escales
Les Cornouailles sont à prendre
Quand elles accouchent du jour
Et qu'on flotte entre le tendre
Entre le tendre et l'amour
Prenez une cathédrale
Et offrez-lui quelques mâts
Un beaupré, de vastes cales
Mais ne vous réveillez pas
Filez toutes voiles dehors
Et ho hisse les matelots
A chasser les cachalots
Qui vous mèneront aux açores
Puis Madère avec ses filles
Canarian et l'Océan
Qui vous poussera en riant
En riant jusqu'aux Antilles
Prenez une cathédrale
Hissez le petit pavois
Et faites chanter les voiles
Mais ne vous réveillez pas

Putain, les Antilles sont belles
Elles vous croquent sous la dent
On se coucherait bien sur elles
Mais repartez de l'avant
Car toutes cloches en branle-bas
Votre cathédrale se voile
Transpercera le canal
Le canal de Panama
Prenez une cathédrale
De Picardie ou d'Artois
Partez cueillir les étoiles
Mais ne vous réveillez pas

Et voici le Pacifique
Longue houle qui roule au vent
Et ronronne sa musique
Jusqu'aux îles droit devant
Et que l'on vous veuille absoudre
Si là-bas bien plus qu'ailleurs
Vous tendez de vous dissoudre
Entre les fleurs et les fleurs
Prenez une cathédrale
Hissez le petit pavois
Et faites chanter les voiles
Mais ne vous réveillez pas
Prenez une cathédrale
De Picardie ou d'Artois
Partez pêcher les étoiles
Mais ne vous réveillez pas
Cette cathédrale en pierre
Traînez-la à travers bois
Jusqu'où vient fleurir la mer
Mais ne vous réveillez pas
Mais ne vous réveillez pas
				
top

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